[NDA: Article écrit en Fév 94, publié dans ST Magazine n° 89 en Déc 94… c’est à dire au moins un an avant que les médias ne commencent à citer le nom d’INTERNET comme du dernier gadget américain qui allait débouler sur le marché… Commentaires ajoutés en 2001]

Un million de nouveaux utilisateurs tous les mois! Et ils sont déjà 20 millions répartis sur plus d'un million de machines connectées à travers 137 pays dans le monde! Ils seront 100 millions en 1998 et vous avez tout intérêt à sauter dans le train en marche, sinon, songez dès maintenant à vous retirer dans une montage perdue en Inde, loin de toute civilisation, et n'emmenez aucun appareil électronique faute de quoi... vous n'y échapperez pas!

Après Star Trek, MTV, Nintendo, et les Simpsons, le nouveau "in" du moment est incontestablement Internet. Une des rares technologies qui s'est développée et répandue à la vitesse du Walkman, Internet, le réseau de télécommunications mondial par excellence, double de taille tous les neuf mois!

MAIS QU'EST-CE DONC?

Demanda-t-il naïvement... Tout le monde le regarda alors comme s'il avait brusquement surgi depuis le moyen âge et demandé l'emplacement du cadran solaire le plus proche pour connaître l'heure.

"InterNet", est littéralement le réseau informatique qui relie tous les réseaux entre eux. En effet, le concept de l'Internet est né du besoin des chercheurs dans les universités américaines de publier leurs résultats et de les rendre accessibles aux autres chercheurs le plus rapidement possible, la voie traditionnelle qui consistait à les publier dans quelque revue spécialisée étant devenue trop lente par rapport à la vitesse de la recherche. Pourtant, à l'intérieur même des universités, la communication entre chercheurs avait atteint un niveau de fluidité inégalé, chacun ayant un ordinateur sur son bureau, et tous ces ordinateurs étant reliés entre eux au moyen d'un réseau local sur lequel on pouvait profiter, par exemple, d'un service de courrier électronique (un peu comme les boites à lettres "BAL" du 3615 STMag... [NDA: en 1994, on ne jurait encore que par le Minitel!])

La solution était donc conceptuellement très simple: il suffisait de relier ces réseaux locaux entre eux, et ainsi, on obtiendrait l'illusion fonctionnelle d'avoir réuni tous les chercheurs du pays dans un même bâtiment. Techniquement, le pari était pourtant très audacieux et demandait des investissements énormes. Mais, par un heureux hasard, les chercheurs travaillant dans les laboratoires de l'Advanced Research Projects Agency (ARPA), partie du Département de la Défense des Etats-Unis, étaient eux aussi impliqués dans le projet et ont ainsi pu obtenir un soutien substantiel du gouvernement. Celui-ci a donc investi des millions de dollars dans l'établissement d'un réseau, alors appelé ARPANET. Ainsi, en 1969, une configuration reliant quatre ordinateurs (situé aux universités d'Utah, de Santa Barbara et de Los Angeles ainsi qu'au Stanford Research Institute) fût utilisée pour démontrer la validité du projet. En 1972, ARPANET fut officiellement présenté au monde, reliant déjà 50 universités et laboratoires de recherche (tous plus ou moins impliqués dans des projets militaires). Ah, si seulement, lorsque j'étais au lycée, j'avais pu placer ça dans mes dissertations sur le pour/contre des retombées quotidiennes de la recherche militaire...

Le but initial fût atteint avec un succès flagrant. Pour s'en convaincre il suffisait de suivre les conférences mémorables sur la fusion froide lors de sa découverte (ou plutôt lorsqu'on a cru la découvrir!). Grâce à ces discussions en direct, la recherche a pu progresser beaucoup plus vite que s'il avait fallu attendre que les différents travaux soient publiés et diffusés par voie traditionnelle.

Mais bien plus que celà, ce succès a marqué le point de départ de nombreux autres réseaux. Ainsi, ARPANET a donné naissance à MILNET, un "sous-réseau" réservé à usage exclusivement militaire. Puis, les années 70 ont vu la naissance de UUCP, un réseau reliant des centaines puis des milliers de machines tournant sous UNIX et USENET (Users Network). Les années 80: BITNET (Because It's Time NETwork), CSNET (Computer Science Network), NSFNET: National Science Foundation's Net, etc... Et finalement, en 1990, ARPANET a été démantelé et tous ces nouveaux réseaux ont été unifiés en un seul et unique réseau de très grande envergure, sous la direction de NSFNET. Ils ont ainsi donné naissance à l'INTERNET tel qu'on le connaît aujourd'hui. A ce jour, l'Internet englobe déjà 6000 de ces "petits" réseaux, jadis indépendants!

CHOC CULTUREL

L'Internet se développe plus vite que n'importe quel autre système de communication jamais mis en place précédemment. Mais parallèlement à cette croissance phénoménale, l'Internet subit de sérieuses mutations. Ainsi, si l'utilisation principale en est toujours la recherche scientifique qui monopolise 48% du trafic, sa croissance est faible puisque de 1991 à 1993, sa part n'a augmenté "que" de 252% alors que l'utilisation qui transfère le moins de données par le réseau, à savoir le secteur de l'éducation, avec 6% du trafic, a subi durant la même période, une croissance de 23.000%! (oui 23 mille!) L'utilisation commerciale est le deuxième plus gros consommateur de transfert (29%) et a subi la deuxième plus forte croissance (758%). Le département de la défense des Etats-Unis n'utilise plus que 10% des ressources et les institutions gouvernementales 7%.

L'utilisation qui est faite de l'Internet est donc en pleine mutation. En tête de toutes les applications, on trouve bien sûr le courrier électronique. Une fois que vous aurez accès à Internet (voyez plus bas), vous pourrez écrire à Billy Idol (oui le monsieur qui chante des histoires pas catholiques avec sa guitare), Bill Clinton (president@whitehouse.gov), la rédaction de STMag et 20 millions de gens qui sont déjà "connectés"! Bientôt, l'Internet transportera plus de courrier que tous les services postaux du monde réunis. A l'horizon de l'an 2000, si vous n'êtes pas reliés à l'Internet, au moins pour le courrier électronique, vous serez isolés; pire: ce sera aussi grave que de ne pas savoir lire! [NDA: quelques années plus tard, les gens branchés appelleront celà la "fracture numérique"]

Indéniablement, les applications éducatives prennent également une place plus importante de jour en jour, et outre les applications organisées, rien n'arrête plus des centaines de milliers d'étudiants dans leurs universités et écoles, de partir à la découverte du monde à travers l'Internet. Tout à fait sérieusement, et personne ne l'aurait imaginé il y a quelques années à peine, des applications comme le World Wide Web utilisées sur un terminal graphique, permettent de visiter le musée du Vatican ou celui d'anthropologie de San Francisco ou encore la forêt amazonienne, photos, textes, documents sonores et séquences animées à l'appui! (Le World Wide Web ou WWW, est une application Internet permettant de récupérer de l'information aux quatre coins du monde et mériterait bien un copieux article à lui seul!)

Finalement, malgré des débuts où l'Internet était réservé aux informaticiens fous (ceux pour qui un appartement n'est qu'un lieu de résidence secondaire, ceux qui dépensent 90% de leur énergie dans les laboratoires informatiques), malgré l'absence de toute focalisation économique et malgré les codes de conduite stipulant l'interdiction d'en faire une utilisation ("purement") lucrative, l'Internet commence à intéresser de très près le secteur industriel et commercial. Ainsi, des éditeurs y publient leur catalogue, des éditeurs de logiciels diffusent des mises-à-jour à une vitesse phénoménale, d'autres mettent en place des services de vente par correspondance et tout le monde forme le doux rêve de réalité virtuelle distribuée... [NDA: oui c'était juste un rêve...]

Vous trouverez également, librement disponibles sur l'Internet, les prévisions météo et des photos satellites qui datent de 45 minutes à peine. Ou encore, le gouvernement américain vous propose de consulter les anciens fichiers secrets du KGB!

Cependant cette croissance et ces développements inattendus ne sont pas sans poser quelques problèmes. En particulier l'absence totale d'une quelconque forme de police sur le réseau constitue une entaille à la sécurité: les informations qui y transitent peuvent être pillées (voire modifiées!) sur leur chemin à travers le réseau (nombre de hackers ont ainsi vendu des informations au KGB avec un certain succès!). Bien entendu, des techniques d'amélioration de la sécurité et du secret des conversations sont en développement (il devient aujourd'hui possible de crypter et d'authentifier l'information). En attendant, l'Irak n'a pas hésité a utiliser les connexions Internet en place pour transmettre, avec une efficacité redoutable, les commandes aux troupes pendant la Guerre du Golfe, et ce au grand dam des américains qui, avec ARPANET, sont justement à l'origine de la redoutable fiabilité du réseau en temps de guerre!

A QUI APPARTIENT L'INTERNET?

Bonne question n'est-ce pas? La réponse est d'autant plus étonnante: l'Internet n'appartient à personne! Vraiment personne, même pas à une association d'intérêt public. Simplement, les propriétaires des plus petits réseaux qui constituent l'Internet, reconnaissent qu'être reliés aux autres les rend plus utiles (dans le cas de sous-réseaux publics) ou plus désirables (dans le cas de sous-réseaux privés). Ils pourvoient ainsi au bon fonctionnement des liaisons inter-réseaux, en particulier entre le leur et certains sous-groupes majeurs.

Le seul groupe qui administre plus ou moins Internet est "l'Internet society" ou ISOC formé de volontaires qui donnent leur temps à la promotion et la maintenance du réseau. Un autre groupe de bénévoles indépendants: l'IETF (Internet Task Force) tente de développer de nouveaux standards et protocoles pour améliorer le service. Parfois ces standards sont mis en place sans même être passés par l'ISOC, simplement parce que tout le monde y voit un avantage et finalement l'ISOC les ratifie...

Tout Internet est ainsi fondé sur la coopération (certain y verront l'anarchie la plus totale!) entre ses différents acteurs et utilisateurs. Internet fonctionne parce que tous ses acteurs veulent que ça marche... et ça marche incroyablement bien!

Aux Etats-Unis, le nouveau gouvernement démocrate a décidé de soutenir activement le développement du réseau aux Etats-Unis. Ainsi Clinton n'arrête plus de citer "l'information super highway" et le vice-président Al Gore s'inquiète sérieusement que les autres nations - en particulier l'Europe et le Japon - ne soient les plus rapides et ne leur "montrent comment tirer parti de cette technologie nouvelle". D'après lui, les Etats-Unis "ne peuvent pas se permettre de ne pas faire l'investissement nécessaire pour déployer un tel réseau [c'est-à-dire, un Internet haute performance] à l'échelle nationale", car ils se doivent "d'être les premiers". Dommage que la France ne soit pas un concurrent vraiment sérieux dans la course... les décideurs (suivez mon regard...) à même de promouvoir le développement de l'Internet en France souffrant d'un sérieux retard psychologique. [NDA: en effet, pendant combien d'années encore aurons nous continué à nous regarder le nombril et à nous émerveiller de notre Minitel national?] Et que dire des dizaines d'universités, telles l'INSA de Rouen, bien que dûment reliées à Internet, refusent catégoriquement que leurs étudiants ingénieurs y aient accès et apprennent ainsi à communiquer avec les outils d'aujourd'hui?

Cependant, le trafic croit régulièrement et les ressources commencent à avoir du mal à suivre. Sachant que les entreprises commerciales n'attendent que qu'on le leur demande pour investir dans ce qui pourrait devenir la plus grande centrale de vente par correspondance et d'assistance à distance jamais imaginée, pourquoi ne pas commercialiser l'utilisation de l'Internet? [NDA: et c'est effectivement ce qui se sera passé peu de temps après...]

En attendant que la question soit résolue dans les sphères (floues) des comités d'éthique de l'Internet (il n'y a pas vraiment de chef à aucun niveau qui puisse interdire ou autoriser grand chose!), des "fournisseurs d'accès" (service providers) prennent les devants en proposant de relier les entreprises et ainsi leur offrir une communication plus efficace avec leurs clients et partenaires.

En fait, il est difficile aujourd'hui de trouver une entreprise qui ne veuille donner sa chance à l'Internet. Ce n'est plus qu'une question de mois (parfois d'argent) avant que toute entreprise n'entre dans les pages jaunes de l'annuaire Internet (AT&T s'est lancé dans la réalisation d'un tel annuaire!) [NDA: mais il y a eu mieux depuis, à commencer par le précurseur Yahoo! ...]

CROISSANCE TROP RAPIDE

Il est important ici de nuancer notre enthousiasme pour le développement exponentiel de l'Internet ces dernières années. En effet, si tout va pour le mieux à l'intérieur des bureaux, les communications internationales au travers de l'Internet ralentissent de jour en jour! On s'inquiète alors sérieusement de l'arrivée imminente des messages vocaux et des applications multimédia sur le "net". En fait, les besoins en capacité de transmission augmentent bel et bien plus vite que les possibilités offertes par le réseau et on arrive à un véritable goulot d'étranglement.

Le phénomène n'est pas surprenant. De la même manière il relève de l'exploit d'obtenir un correspondant aux Etats-Unis lorsque vous appelez en milieu d'après-midi depuis la France. Mais les télécoms sont sur l'affaire...

En ce qui concerne l'Internet, le challenge est de faire suivre les ressources au même rythme que l'arrivée des utilisateurs et la croissance de leurs besoins individuels... et pour cela, tôt ou tard, il va falloir des administrateurs! Déjà, les compagnies de téléphone et les opérateurs de télévision par câble (techniquement très bien placés) se battent pour prendre le contrôle du net à la dérive. Parmi les usagers, les télécoms sont perçues comme l'ennemi numéro 1 et on préfère en général les fournisseurs de services de plus petite envergure. L'effet positif de la bataille est que la concurrence entraîne une escalade à la bande passante (entendez par là: capacité de transmission). Plus vous en offrez plus vous avez de chances de devenir un acteur indispensable dans le futur.

Il est difficile à l'heure actuelle de déterminer qui va pourvoir aux énormes investissements nécessaires à l'évolution future de l'Internet. Les tentatives de gestion par des organisations à but non lucratif se sont pour l'instant soldées par des pertes substantielles et les institutions publiques doivent sans cesse ré-injecter des fonds. Par contre, les "service providers" indépendants font plusieurs millions de dollars de bénéfices par an...

Mais qu'on ne s'inquiète pas trop, il n'y a pas là de défi technologique incontournable, on peut optimiser les transmissions actuelles et de nouvelles technologies comme l'Asynchronous Transfer Mode (ATM) vont ouvrir la voie à des transmissions incroyablement rapides: de quoi transférer une "Encyclopaedia Universalis" en moins d'une seconde! Le pire qui puisse donc arriver est que nous devions payer pour utiliser l'Internet comme nous payons actuellement lorsque nous utilisons le téléphone.

ET MOI DANS TOUT CA?

Effectivement ça à l'air alléchant: les chercheurs s'envoient du courrier électronique en se faisant part de leurs dernières découvertes, les entreprises communiquent mieux avec leurs clients, le "net" attire des masses de gens incontrôlables, etc... mais moi dans tout ça, qu'est-ce que je peux faire?

Même s'il est un peu plus difficile de devenir un utilisateur de l'Internet qu'un utilisateur du téléphone, vous verrez un peu plus bas, qu'il y a de fortes chances pour que l'Internet ne soit qu'à quelques "pas" de vous! Et une fois en contact avec un ordinateur relié au réseau, vous avez en quelques secondes accès à un million d'autres ordinateurs connectés: des mini-ordinateurs et stations UNIX, mais aussi des PC, des MAC et pourquoi pas des ATARI ? Tous ces ordinateurs gèrent les télécommunications du réseau, traitent le courrier électronique, exécutent des programmes sous vos ordres, jouent avec vous et vous permettent de jouer avec les autres utilisateurs, vous proposent leurs fichiers, etc... Vous rencontrerez donc au cours de votre voyage, des informations et des données de toutes sortes, des fichiers à télécharger et aussi... des gens qui comme vous sont connectés à ce moment là à travers le monde entier!

Concrètement, l'ordinateur qui constitue votre point d'entrée sur le réseau peut vous proposer une sélection des services suivants (et la liste n'est pas exhaustive!) Avant tout, bien sûr, vous aurez accès au courrier électronique plus communément appelé E-Mail pour Electronic Mail (Mail = Courrier en anglais). Le principe est que chaque utilisateur possède une "adresse" sur le réseau, cette adresse du type nom@serveur.organisation.groupe permet aux différents noeuds de distribution du courrier de trouver l'ordinateur de votre correspondant et à celui-ci d'afficher le message sur l'écran de votre correspondant, au moment où il utilisera l'ordinateur. Voici des exemples d'adresses: d-small@well.sf.ca.us (Dave Small), François-Planque@etu.univ-compiegne.fr (votre serviteur...) [NDA: Adresses d'époque...]

Ensuite, un utilitaire nommé ftp (en fait, avant tout un protocole: FTP pour File Transfer Protocol soit Protocole de Transfert de Fichiers) vous permet de... devinez quoi? ... Transférer des fichiers à travers l'Internet. Pour ce faire vous devez donner à ftp l'adresse de la machine avec laquelle vous voulez échanger des fichiers. Bien sûr ne croyez pas que vous allez pomper tout et n'importe où: la machine distante vous demandera un nom d'utilisateur enregistré et un mot de passe. Mais ne partez pas trop vite: il existe des centaines de sites publics sur lesquels il suffit d'entrer comme nom d'utilisateur: "Anonymous" et là ce sont des centaines de giga-octets de programmes pour votre ordinateur (et le ST n'est vraiment pas en reste là-dessus), mais aussi des images, des magazines binaires, etc... Vous allez donc bien pouvoir pomper presque tout!

De plus en plus fort, l'utilitaire telnet va plus loin que de prendre et déposer des fichiers sur un ordinateur distant, il vous permet de l'utiliser comme si vous y étiez: vous lancez des programmes et ils s'exécutent sur cet ordinateur comme si c'était le votre, quel que soit l'ordinateur sur lequel vous avez initié le telnet, il peut se transformer en super-calculateur UNIX, en VAX/VMS, en PC ou que sais-je encore. Bien sûr là aussi, certains sites offrent des accès telnet publics et d'autres nécessitent un mot de passe.

Mais le véritable challenge pour l'utilisateur Internet n'est pas de transférer les fichiers ou d'exécuter un programme à distance, c'est de trouver le fichier qui l'intéresse ou le programme qui propose d'exécuter le programme miracle sur l'immensité du net. Et pour cela, l'utilisateur dispose de toute une panoplie d'outils de recherche surpuissants! Par exemple: "archie" localise n'importe quel fichier parmi plus de 2 millions disponibles sur les sites ftp anonymous, "veronica" recherche toutes les publications "gopher" sur un sujet donné, etc... [NDA: on a fait mieux depuis, et en mode Web!]

Qu'est-ce que gopher? avec WAIS (Wide-Area Information Server) et W3 (World Wide Web), il s'agit d'un système de recherche et de consultation de données. L'originalité est que les données sont réparties sur tout le réseau et n'importe qui (ou presque...), une fois connecté à Internet, peut ainsi publier de l'information et la rendre accessible à 20 millions de personnes. Le nec plus ultra du moment revient au World Wide Web; en effet, celui-ci, non content de fonctionner sur le principe de l'hypertexte, jouit d'une interface graphique interactive (NCSA Mosaic [NDA: ancêtre de Netscape Navigator]). C'est-à-dire que les informations publiées s'agrémentent d'images et lorsque vous cliquez sur un mot souligné (un "hyperlien") vous obtenez soit des informations complémentaires, soit un enregistrement sonore, soit une séquence vidéo, transmise en direct sur l'Internet! Si vous avez accès à Mosaic, essayez donc de consulter le document http://www.seas.upenn.edu/~fplanque/homepage.html [NDA: Adresse d'époque]

Bien sûr, tous ces gens reliés par le réseau on exprimé le désir de tenir des conversations suivies à plusieurs, des débats ou encore des forums publics ou chacun exprime ses opinions, demande de l'aide, etc... Pour pourvoir à tous ces usages, il existe des "newsgroups". Ces newsgroups ont tout d'abord été installés sur USENET mais ils sont maintenant lus par la population Internet entière. Tout le monde peut y écrire des messages (ou y envoyer des fichiers) qui sont alors lisibles (ou récupérables) par tout le monde. Ces newsgroups sont classés par thèmes. On y trouve de tout: de discussions politiques aux recettes de cuisine en passant par les inévitables images à caractère non catholique (plus d'une centaine de nouvelles par jour!).

La discussion en direct est également possible grâce à IRC (Internet Relay Channel). Vous pouvez aussi participer à des jeux divers, en particulier des jeux de rôles où plusieurs (centaines de) personnages joués par des utilisateurs Internet évoluent et interfèrent ensemble dans un même monde imaginaire. Finalement, Internet bénéficie encore de multiples applications plus ou moins intéressantes. Certaines frisent la folie douce... comme l'interface permettant aux étudiants du département informatique à la Carnegie Mellon University (et pas qu'à eux!) de vérifier s'il reste du coca dans le distributeur trois étages plus bas!

GET CONNECTED?

Il est maintenant temps de songer à profiter à votre tour de tous ces services. Pour bénéficier de l'intégrale, il vous faut inévitablement avoir un "compte" sur un ordinateur relié à Internet. En pratique, cela signifie que votre société ou votre université - si vous êtes étudiant - vous donne un nom d'utilisateur avec un mot de passe vous permettant d'utiliser leur(s) gros ordinateur(s) (tournant généralement sous UNIX) relié(s) à Internet. Si tel est votre cas, sortez le champagne, vous avez tiré le gros lot: l'Internet est sous vos doigts et c'est gratuit!

Par contre, si vous n'avez pas la chance d'être dans la catégorie ci dessus, les choses vont être un peu plus difficiles... mais pas désespérées. Il est vrai qu'en France, relativement peu d'entreprises sont connectées à l'Internet, le facteur limitant étant l'omniprésence du Minitel proposant des services comparables (mais d'envergure bien moindre) et pour un prix accessible. Cependant, la situation évolue: de 31 000 machines connectées en 1990, la France est passée à 450 000 en été 1993. On ne sait jamais, renseignez-vous dans votre entreprise et insistez dans votre université pour avoir un compte.

Si vraiment aucune connexion ne peut être mise à profit, il va falloir en "acheter une". Le Minitel peut ici être mis à profit pour accéder à certains services de courrier électronique reliés à Internet (3617 EMAIL). Si vous avez un modem, CompuServe vous propose également un courrier électronique Internet (Renseignements: 1 47.14.21.60). [NDA: les premiers Fournisseurs d'Accès Internet (FAI) grand public apparaitront en France fin 1994]

Naturellement, les services ci-dessus ne vous proposent qu'un échantillon de services restreints, souvent limités exclusivement au courrier électronique. Si vous en voulez plus, par exemple un acces modem à un compte Internet, ou mieux, si vous avez convaincu votre société de l'utilité de se connecter à l'Internet, vous devez vous adresser à un fournisseur d'accès, par exemple: FNet (94-Kremlin Bicêtre) ou Oléane (94-Vincennes). Si vous avez accès par une relation au newsgroup alt.internet.access.wanted, vous pouvez y demander l'adresse d'un provider dans votre région. Le prix de l'accès Internet complet est encore élevé pour le particulier mais peut facilement être rentabilisé en entreprise si on le rapporte au nombre d'employés qui vont en bénéficier.

De toute façon, que vous ayez un accès aujourd'hui ou non, soyez préparés à ce que dans quelques années, on vous appelle au téléphone en plein dîner pour vous proposer un accès Internet comme on le fait aujourd'hui pour vous vendre une cuisine (Et en plus ils insistent: 3 fois en 2 mois, je n'ai pas l'habitude de refaire ma cuisine aussi souvent!). [NDA: autre solution à la mode en ce moment: innonder votre boîte à lettres de CD-Roms-kit de connexion].


Comments from long ago:

Comment from: Romain

Whaoooouuu… juste pour dire que c’est pas souvent qu’on peut lire des articles datant d’il y a si longtemps ! La lecture de cet article montre qu’internet est quand même assez jeune et les avancées sont énormes. Sympa.

2008-04-22 10-14

Comment from: mickael

Cela me rends bien nostalgique. hier c’était le far ouest, aujourdhui big brother

2013-05-24 16-54